Causes à effets: Ce qui explique la hausse des prix depuis 2024

Selon l’INS, le niveau du taux d’inflation de l’année 2024 résulte de la combinaison de facteurs explicatifs externes et internes.
Pour comprendre l’origine de la hausse des prix, l’INS suggère de tenir compte des facteurs externes et internes. Les facteurs externes sont d’ordre économique, géopolitiques, environnementaux, et aussi liés à la dynamique mondiale des prix. Ils jouent un rôle déterminant dans l’évolution des prix au niveau national, affectant directement les ménages, les entreprises et les politiques publiques.
La reprise de la demande mondiale, couplée à des tensions géopolitiques, a maintenu les prix des produits énergétiques et alimentaires à des niveaux élevés. Les prix mondiaux des matières premières, notamment le pétrole, les engrais, le blé et les métaux, sont restés élevés en 2024, exacerbant les coûts d’importation pour le Cameroun. Les hausses des prix mondiaux du blé ou des céréales sont souvent liées à des conditions climatiques défavorables dans les pays producteurs, ou à des politiques de contrôle des exportations.
En particulier, malgré des augmentations mensuelles régulières tout au long de l’année 2024, principalement dues à la hausse des prix des produits laitiers, de la viande et des huiles végétales, l’indice FAO des prix des produits alimentaires, qui suit les variations mensuelles des cours internationaux des produits alimentaires de base les plus échangés, est resté, dans l’ensemble, inférieur aux niveaux observés en 2023. Toutefois, à partir d’août 2024, une inversion de tendance a été constatée, avec des niveaux d’indice dépassant ceux de l’année précédente. Cette évolution s’explique en partie par des tensions sur l’offre mondiale, des fluctuations des taux de change et des coûts de transport élevés, qui ont contribué à renchérir les prix de plusieurs denrées stratégiques.
Fluctuation des taux de change et Covid-19
La dépréciation du franc CFA par rapport aux principales devises, notamment le dollar américain, a renchéri les importations, en particulier les denrées alimentaires et les intrants industriels. Si le dollar devient plus fort par rapport au franc CFA, les importateurs camerounais devront payer davantage pour les mêmes quantités de biens étrangers, ce qui se traduit par des hausses de prix sur le marché local.
Les séquelles de la pandémie du COVID-19 ont continué de perturber les chaînes d’approvisionnement mondiales, augmentant les coûts d’importation. Les tensions géopolitiques internationales, notamment le conflit Russo-Ukrainien et les tensions au proche Orient, ont maintenu les prix des céréales et des engrais à des niveaux élevés, impactant directement l’agriculture locale et les prix des produits alimentaires.
L’évolution des prix mondiaux des carburants a exercé une influence sur les coûts de transport ainsi que sur la production d’énergie, impactant divers secteurs économiques. En 2024, le marché pétrolier a été marqué par une volatilité notable, reflétant les dynamiques de l’offre et de la demande à l’échelle internationale. D’après les données de l’INSEE, le cours du Brent en dollars américains a suivi une tendance fluctuante : il s’est établi à 81,9 $ en mai, avant d’atteindre 85,2 $ en juillet, puis de chuter à 73,8 $ en décembre. Cette évolution s’explique par plusieurs facteurs, notamment les ajustements de production des pays membres de l’OPEP, la reprise économique contrastée dans les grandes économies consommatrices d’hydrocarbures et les tensions géopolitiques affectant les principaux corridors d’approvisionnement.
Par ailleurs, la variation des prix du pétrole a eu des répercussions sur l’inflation et le pouvoir d’achat des ménages, en particulier dans les pays fortement dépendants des importations énergétiques. Les gouvernements ont dû adapter leurs stratégies en matière de subventions aux carburants.
Facteurs internes
En plus des facteurs externes, plusieurs éléments internes contribuent également à l’inflation au Cameroun. Ces facteurs peuvent être d’ordre économique, politique, structurel ou liés à des dysfonctionnements dans les marchés locaux. En 2024, la réduction partielle des subventions sur les carburants, accompagnée d’un ajustement des tarifs à la pompe, a conduit à une hausse de 15% des prix du super et du gasoil. Cette hausse a eu un effet domino sur : les coûts des transports, affectant directement les prix des biens et services. Les coûts de production dans les secteurs agricoles et industriels, les entreprises répercutant ces coûts supplémentaires sur les consommateurs.
Le climat joue également un rôle de plus en plus important dans les fluctuations des prix. Le Cameroun étant un pays principalement agricole, les conditions climatiques affectent directement la production de biens de consommation, notamment les produits alimentaires. Les sécheresses prolongées, les inondations (notamment à l’Extrême-Nord) ou les vagues de chaleur peuvent compromettre les récoltes et perturber les circuits de production. Cela conduit à une diminution de l’offre et une augmentation des prix des produits locaux. Par exemple, des pénuries dans la production de maïs, de manioc ou d’arachide peuvent entraîner des hausses de prix, même dans les régions où ces produits sont traditionnellement produits.
Selon l’Observatoire National sur les Changements Climatiques (ONACC), le Cameroun a connu, dès novembre 2023 et tout au long de l’année 2024, une saison sèche caractérisée par des conditions climatiques extrêmes à travers ses cinq zones agroécologiques. Cette situation est due au positionnement de la ligne de Front Intertropical (FIT) au sud du pays, influençant les températures et les précipitations. Dans les régions de l’Extrême-Nord, du Nord et de l’Adamaoua, les journées sont particulièrement chaudes, tandis que les nuits restent froides. Cette variabilité thermique favorise l’émergence d’épizooties, affectant notamment le bétail sensible aux conditions chaudes. Par ailleurs, la diminution des ressources en eau due à l’assèchement des cours d’eau et la baisse des nappes phréatiques compliquent l’abreuvement des animaux, impactant le rendement des élevages dans ces régions où l’élevage constitue une activité essentielle.
O.M.