BEAC: Les incohérences managériales du gouverneur  

Au cœur de la tourmente, la gestion de la Banque des États de l’Afrique Centrale (BEAC) par Yvon Sana Bangui, soulève de nombreuses interrogations, tant sur ses priorités que sur son efficacité à soutenir les pays membres en difficultés.

Alors que certains pays membres de la BEAC, traversent des crises économiques des plus criardes, le gouverneur de l’institution monétaire communautaire semble privilégier des projets controversés au détriment de l’aide nécessaire à ces nations à la peine.

En effet, selon une source bien introduite au sein de l’institution, le conseil d’administration a récemment bloqué un projet foireux du gouverneur visant à construire des agences de cette institution monétaire de la CEMAC dans plusieurs pays membres. Cette initiative, qui aurait nécessité un investissement colossal de 15 milliards par agence, a été jugée non prioritaire par le conseil d’administration, surtout dans un contexte où des pays comme le Gabon ou encore le Congo font face à des difficultés économiques majeurs.

La question qui se pose alors est la suivante : est-il vraiment judicieux de dilapider des ressources financières dans la construction d’agences alors que l’une des prérogatives fondamentales de la BEAC est d’apporter une aide concrète aux pays membres, en particulier lorsqu’ils traversent des périodes difficiles ? En 2024, la BEAC aurait enregistré un excédent de près de 500 milliards de francs CFA à en croire certains chiffres puisés à bonne source,  une somme qui pourrait être utilisée pour soutenir les pays en crise que ce soit sous forme de prêts ou d’autres formes d’assistance.

Il est d’autant plus préoccupant de constater que cette décision de construction d’agences pourrait cacher des intérêts personnels. Selon notre source, il y aurait une « odeur de bakchich » dans cette affaire. L’empressement à faire passer ce projet pourrait alors être motivé par des considérations moins nobles.

En outre, la gestion de la BEAC par Yvon Sana Bangui est également marquée par des tensions avec les Caisses de Dépôts et Consignation, notamment la CDEC au Cameroun. La BEAC, à travers la Commission Bancaire de l’Afrique Centrale (COBAC), a récemment demandé la suspension temporaire des transferts vers la CDEC, invoquant l’absence d’un cadre réglementaire communautaire clair. Cette décision a provoqué une réaction vive des autorités camerounaises, allant jusqu’à la présidence de la République. Le 1er août 2024, Ferdinand Ngoh Ngoh, secrétaire général de la présidence, a transmis des instructions pour garantir la poursuite des transferts, soulignant l’importance de la CDEC dans le soutien aux politiques publiques.

En tant qu’investisseur de long terme, la CDEC tout comme la caisse de dépôts et consignation gabonaise a pour mission de soutenir le développement des pays, mais la BEAC sous Sana Bangui s’emble jouer un rôle trouble dans le processus d’opérationnalisation de cette institution, mettant en péril les efforts de développement du Cameroun, alors que le Gabon, par exemple, bénéficie d’un soutien plus conséquent de la banque centrale commune.

Également, le climat de travail à la BEAC depuis l’arrivée d’Yvon Sana Bangui est également préoccupant. Toujours d’après la même source, de nombreux employés expriment leur mécontentement face à une gestion jugée opaque et inefficace. Les tensions internes palpables nuisent à la productivité et à la motivation des équipes. Ce qui pourrait avoir des conséquences néfastes sur le fonctionnement de l’institution.

Il est alors temps que le gouverneur de la BEAC recentre ses efforts sur l’une des missions premières de l’institution dont il a la charge à savoir, soutenir les pays membres dans leurs projets de développement et leur offrir l’aide dont ils ont désespérément besoin. La transparence et l’intégrité doivent être au cœur de ses actions, afin de restaurer la confiance des pays membres et de garantir un avenir économique stable pour la sous-région CEMAC.

Julien Efila

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