Banque: Liquidation bloquée de la Biao

Dans une annonce légale publiée le 24 juin, Mandessi Bell Evelyne, la coliquidatrice de la défunte Banque internationale pour l’Afrique occidentale, branche du Cameroun (Biaoc), dégage toute responsabilité pour absence de respect des prescriptions légales à cet égard.
La liquidation de la Banque internationale pour l’Afrique occidentale, branche du Cameroun (Biaoc) est désormais un serpent de mer. Dans une annonce légale publiée le 24 juin, Mandessi Bell Evelyne, la coliquidatrice de la défunte banque annonce que la situation est bloquée. « Les autorités monétaires et le public sont informés du blocage de la clôture de la liquidation susvisées faute de mise à disposition des fonds (liquidation ouverte sans actifs, la totalité des actifs de la Méridien Bank ayant été apportés à la Meridien Biao Cameroun SA lors de son ouverture). La coliquidatrice dégage toute responsabilité pour absence de respect des prescriptions légales à cet égard », écrit l’avocate.
Cela fait quelques années que l’on observe un statuquo concernant cette liquidation. En 2021 par exemple, en sa qualité de représentant de l’État du Cameroun, la Société de recouvrement des créances du Cameroun (SRC) revendiquait, dans un communiqué publié le 14 septembre, la propriété d’un immeuble objet du titre foncier N°3737/Mfoundi, situé au quartier Bastos à Yaoundé. Selon cette entreprise publique, ce bien est un des actifs résiduels issus de la liquidation de la défunte Banque internationale pour l’Afrique occidentale, branche du Cameroun (Biaoc) dont l’État est le propriétaire.
Le directeur général de SRC, Marie Rose Messi, a fait cette sortie du fait de « l’existence de tractations menées en vue de la cession ou location de [cet] immeuble par des individus sans foi ni loi ». À en croire ce responsable, le titre foncier de cet immeuble hypothéqué, inscrit au profit de l’ex-Biaoc, aurait été « frauduleusement radiée » par un acte notarié. En conséquence, affirme-t-elle, la SRC appelle les opérateurs économiques et les professionnels du secteur à faire preuve de vigilance et à s’abstenir d’être mêlés à quelque opération ou transaction sur ledit immeuble.
Pour comprendre la vigueur avec laquelle la SRC s’oppose à cette vente immobilière, il faut noter que c’est avec le concours de l’État camerounais que les droits de liquidation d’au moins un demi-millier de clients sont gérés. Le ministère des Finances a, par exemple, consenti en 2013 à payer dans un premier temps 15,88% (377 millions de FCFA) des droits sociaux estimés globalement à 2,37 milliards de FCFA.
C’est donc grâce aux immeubles qui étaient dans le portefeuille de la défunte banque que la SRC recouvre les ressources publiques investies dans cette liquidation. A Bastos où elle mène cette nouvelle bataille, le mètre carré de terrain coûte plus d’une centaine de milliers de FCFA. À titre d’illustration, lors d’une vente aux enchères sur saisie d’un immeuble urbain bâti, sis à Yaoundé, le 7 novembre 2016, la SRC a mis à prix un terrain de 897m2 à 94,152 millions de FCFA. Au final, l’immeuble a été vendu à plus de 100 millions de FCFA.
Comme les autres banques africaines du réseau Meridien, Meridien-Biao Cameroun avait été affectée par la mise en liquidation, en avril 1995, de l’actionnaire majoritaire du groupe, Meridian International Bank, basé aux Bahamas. Le « comité de suivi » chargé d’assurer la survie de la banque et de protéger les intérêts de ses clients n’avait pas pu sauver la Biaoc.
Oumarou Mey