Appels à candidature pressants de Paul Biya: Conviction, opportunisme ou bien griotisme Politique ?

Dans cette tribune, le philosophe analyse les ressorts cachés des motions de soutien incitant le président de la République, à se représenter à l’élection présidentielle de 2025.
À l’approche de la présidentielle de 2025, un fait, un tantinet anodin, mais plein de signification défraie la chronique dans les milieux de la formation politique du RDPC. C’est ce fameux appel des militants et sympathisants de ce parti à la candidature du patriarche Président Paul Biya à l’élection présidentielle de 2025. Cela devient une rengaine, discipline du parti oblige, de toujours considérer Monsieur Paul Biya comme candidat naturel du RDPC à l’élection présidentielle, en mettant sciemment en veilleuse l’éclosion d’autres forces politiques au sein du parti, qu’on appellerait des dauphins potentiels.
Toutefois, ce qui semble compromettant et difficile à cerner, c’est l’état psychosomatique de l’homme du renouveau national, à répondre favorablement, à 92 ans d’âge, à ces appels lancinants et provocateurs de ses partisans de le voir rempiler à la magistrature suprême du Cameroun. C’est cette situation rocambolesque du choix d’un homme de 92 ans à candidater pour ses partisans à la plus haute fonction de l’État qui exige en même temps, robustesse, assise intellectuelle, et meilleures dispositions physiques , qui nous amène à se demander si c’est par conviction ,par opportunisme ou par griotisme Politique, que les thuriféraires impénitents du RDPC appellent leur Champion à se représenter à l’élection présidentielle Camerounaise en 2025 ?
Cette préoccupation nous amène à interroger la sincérité des membres et sympathisants du RDPC. Comment peuvent-ils s’entêter de choisir un homme du troisième âge à présider aux destinées de leur parti politique, alors même qu’on nous a toujours vanté le RDPC comme étant le parti politique qui regorge le plus d’intellectuels et d’éminents hommes politiques ?
On comprend aisément que, nous sommes dans un jeu de dupes dans lequel, le principal concerné semble ne plus être intéressé par cette roublardise, cette flagornerie, et ce folklore politico politicien de ses partisans, vu son âge très avancé, mais obligé de s’y soumettre par acquis de pactes incestueux. La conviction est un effet qu’une preuve évidente produit dans l’esprit, certitude que l’on a de la vérité d’un fait, d’un principe.
À cet effet, les thuriféraires impénitents du RDPC sont-ils convaincus de leurs appels à candidature de leur Champion ? Bien malin, celui qui saurait nous dire la vérité sur cette question, étant donné que, l’habitude est une seconde nature. Et les collaborateurs du Président Paul Biya semblent plus profiter de leur piédestal aux avantages incommensurables, qu’ils ne souhaiteraient pas perdre, que d’accepter de reconnaître l’incapacité actuelle du vieux lion à tenir convenablement la barque Cameroun.
Il faudrait donc préserver, coûte que coûte, les acquis en acceptant de toujours voir au Perron d’Étoudi, le patriarche Président à la manette. L’opportunisme est cette doctrine Politique qui subordonne la marche des affaires aux circonstances. Dans le Landerneau républicain Camerounais, il y a des Ministres, DG, SG et PCA qui mangent à la table du roi pendant des décennies de gouvernance, créant une sorte de dynastie pouvoiriste dont il est très difficile de se départir, sous peine d’un chômage Politique embêtant. Leur enlever le bifteck de la bouche, revient à les assommer considérablement.
Le patriarche Président Paul Biya a tellement esclavagisés et lobotomisés ses collaborateurs au point où, ceux-ci sont incapables de se positionner par eux-mêmes sur l’échiquier politique Camerounais où s’affirmer comme forces de propositions. Beaucoup se complaisent dans la position de créatures d’un créateur éternel, Paul Biya. L’occasion ou la circonstance faisant le larron, il devient superfétatoire de croire en une chance de voir éclore un dauphin du Président Paul Biya, dans cette mare aux crocodiles. D’où l’opportunité de toujours mettre en avant leur créateur en qui ils doivent allégeances, et ascension sociale fulgurante. On ne touche donc pas à ce genre de manne qui ne doit être que préservée.
Le griotisme Politique a réussi à former dans le milieu Politique Camerounais, des poètes, des griots et musiciens ambulants, au service de leur créateur Commun, le patriarche Président Paul Biya, qui devient par le fait même, le dominant, l’intouchable, l’indétrônable et l’inoxydable.
Comment ne pas le forcer à rempiler ?
Les appels à candidature participent donc dans ce cas, plus du griotisme Politique et de l’opportunisme, que de la conviction. Personne n’est dupe à ce sujet. C’est en leur corps défendant, incapables de s’assumer politiquement, que les collaborateurs du Chef de l’État Camerounais s’accrochent à lui, tels des sangsues, pour continuer à sucer le sang des pauvres populations camerounaises.
Ce qu’il convient de dire dans ce cas de figure est qu’on ne peut pas réussir à tromper tout le peuple tout le temps. C’est l’heure de la prise de conscience collective nationale, pour faire comprendre aux populations camerounaises confondues qu’à trop vouloir tirer sur une corde, elle finit par se casser. Il est plus que temps d’exorciser le mal être social en refusant d’obtempérer au bon vieux discours de nos élites politiques selon lequel le patriarche Président Paul Biya reste toujours le seul coq dans la basse-cour, connaissant l’effet de l’âge sur le psychisme et le physique de l’homme.
Si d’aventure le RDPC continue de vendre l’illusion d’un Président Paul Biya toujours apte à gouverner, et si lui-même, par sa sagesse incommensurable ne se débine pas de cette combine et de cette forfaiture dans laquelle on voudrait toujours l’entraîner, il reste au peuple camerounais de siffler la fin de la récréation par un raz de marée électoral, en votant un autre Camerounais apte à diriger notre pays. C’est la seule solution qui nous reste, si nous ne voulons pas être Complices de l’élitisme Politique à vie qui ne nous profite en rien depuis 42 ans de règne sans partage du RDPC.
Jean Paul Nna Mvondo, philosophe psychopédagogue