Ahmadou Bivoung, Directeur central de la production Eneo

Ahmadou Bivoung, Directeur central de la production Eneo

« Songloulou, pilier inébranlable de la stabilité énergétique du Cameroun »

La centrale hydroélectrique de Songloulou demeure stable, malgré la présence ancienne du phénomène de Réaction Alcali-Granulat (RAG), identifié depuis la construction de l’ouvrage. Ce phénomène est suivi de manière rigoureuse, notamment à travers un benchmarking international qui permet de surveiller son évolution dans le temps.

L’impact de Songloulou sur le Réseau Interconnecté Sud (RIS) est incontestable. Sa contribution a toujours été constante et décisive, jouant un rôle clé dans la stabilité du système électrique national. À plusieurs reprises, la centrale a même dépassé sa capacité nominale pour soutenir la demande, preuve de sa robustesse et de sa fiabilité.

Toutefois, des défis hydrologiques subsistent, liés à la variabilité naturelle des régimes pluviométriques. Tous les acteurs du secteur travaillent en synergie afin d’atténuer les effets de ces aléas sur l’approvisionnement des clients. Dans ce contexte, un travail stratégique a été mené sur le mix énergétique, notamment en réponse aux effets du changement climatique qui se manifestent de manière imprévisible, tantôt par des déficits hydriques, tantôt par des excès.

Nous restons particulièrement vigilants face à ces évolutions et collaborons étroitement avec les autorités gouvernementales pour le suivi des indicateurs liés au climat. Cette veille permet d’ajuster en permanence les actions sur le terrain pour garantir la sécurité énergétique du pays.

En termes de performance, Songloulou représente environ 35 à 36 % de l’énergie injectée dans le réseau national, un chiffre qui traduit à lui seul l’importance stratégique de la centrale. Cette proportion, couplée à sa régularité de fonctionnement et sa capacité à dépasser ponctuellement ses limites opérationnelles, témoigne de la solidité de l’infrastructure. Tous les efforts d’investissement et de maintenance visent à garantir cette fiabilité à long terme.

Concernant la vanne d’évacuation, des travaux importants ont été réalisés entre 2015 et 2018. Il peut cependant subsister des fuites ponctuelles liées à l’usure normale des équipements ou à de petites fissures dans la structure en béton. Ces défauts, sans lien direct avec les conditions hydrologiques, sont pris en charge dans le cadre du programme de maintenance continue. Dans le cadre du projet Dam Safety, des actions sont également menées pour anticiper les effets à long terme de la RAG, notamment en intégrant des systèmes capables d’absorber les déplacements du béton sans générer de contraintes mécaniques nuisibles.

S’agissant des coupures d’électricité observées parfois en période de fortes pluies urbaines, il est important de rappeler que les précipitations enregistrées en ville ne correspondent pas nécessairement aux apports utiles pour le remplissage des réservoirs. Ce qui importe, c’est la pluviométrie dans les bassins versants qui alimentent effectivement les retenues d’eau, comme ceux du fleuve Sanaga ou du Djerem pour le réservoir de Mbakaou. Ainsi, même avec des précipitations abondantes à Douala, si elles ne touchent pas les zones stratégiques en amont, elles n’améliorent en rien les niveaux d’eau disponibles pour la production électrique.

La centrale de Songloulou reste un pilier fondamental de l’approvisionnement électrique au Cameroun. Les efforts sont constants pour renforcer sa performance, anticiper les risques structurels, et s’adapter aux réalités climatiques changeantes dans une logique de durabilité énergétique.

H.T.

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