Affaire Foberd Gabon : Libreville limoge le PCA et le DG de l’Agasa

Pour prévenir une escalade des tensions avec le Cameroun, le gouvernement gabonais a limogé ces principaux responsables de l’Agence gabonaise de sécurité alimentaire (Agasa) suite à l’affaire qui a vu les portes de l’entreprise camerounaise basée au Gabon fermées et les employés incarcérés le 05 décembre.
Le 19 décembre dernier, lors d’un conseil des ministres présidé par le chef de l’État gabonais, Brice Clotaire Oligui Nguema, Jean Delors Biyogue Bi Ntougou, président du conseil d’administration (PCA) de l’Agasa, ainsi qu’Anatole Kabounou Onkoni, son directeur général (DG), ont été démis de leurs fonctions. Cette décision fait suite à l’affaire Foberd, un groupe agroindustriel camerounais établi au Gabon depuis plus d’une décennie, dont plusieurs responsables ont été arrêtés et des installations fermées le 5 décembre dernier pour des soupçons de « commercialisation de produits impropres à la consommation ».
Des sources proches d’EcoMatin indiquent que le président Oligui Nguema n’a pas apprécié le « zèle » des responsables de l’Agasa, qui ont pris des mesures drastiques contre les entreprises du milliardaire camerounais, Bernard Fokou, risquant ainsi de provoquer un incident diplomatique avec Yaoundé. En effet, après l’arrestation des dirigeants de ce groupe et la fermeture de ses entreprises, la présidence camerounaise a rapidement sollicité l’intervention de son excellence Edith Félicie Nga Eto Zam, ambassadrice du Cameroun au Gabon.
Le 9 décembre, la diplomate a obtenu une audience avec Régis Onanga Ndiaye, ministre gabonais des Affaires étrangères. Lors de cette rencontre, elle a exprimé son mécontentement face aux actions menées par la direction générale des services spéciaux (DGSS) à l’encontre de Foberd, qualifiant les arrestations d’abusives et effectuées dans un cadre illégal. Grâce à l’engagement de l’ambassadrice, la libération de 13 dirigeants de Foberd a été obtenue, ainsi que la réouverture de certaines de ses entités. Le 13 décembre, la direction générale de Foberd a annoncé la reprise de ses activités à partir du 16 décembre, incluant plusieurs de ses filiales.
Cependant, l’Agasa a dû faire marche arrière après avoir été réprimandée. Le Palais du bord des mers a rappelé à l’ordre le PCA et le DG, qui, le jour même de leur limogeage, ont signé un communiqué confirmant la levée partielle des mesures conservatoires contre certaines entités de Foberd.
L’Agasa avait accusé le groupe Foberd de commercialiser des produits avariés et d’utiliser des intrants périmés pour la production de Coca-Cola. Toutefois, Mesmin Sigha, coordonnateur général de Foberd, a réfuté ces allégations, affirmant que les produits incriminés étaient déjà retirés des rayons et en attente de destruction. De plus, il a précisé que les intrants périmés avaient reçu une autorisation de prolongation de la part de Coca-Cola, conformément aux normes internationales, un argument que l’Agasa n’a pas pris en compte dans ses sanctions.
Julien Efila