Adex 2025: Vers une stratégie numérique commune pour l’Afrique
Lors de la 14e édition de l’Africa Digital Expo à Douala du 14 au 16 juillet 2025, plus de 20 pays africains ont esquissé un pacte numérique centré sur la souveraineté et l’inclusion.
Pendant trois jours, du 14 au 16 juillet 2025, Douala est devenue la capitale stratégique d’un continent en mutation numérique. La 14e édition de l’Africa Digital Expo (Adex), a rassemblé ministres, dirigeants d’entreprises, start-up, incubateurs, régulateurs et partenaires techniques de plus de vingt pays africains. Une édition marquée par une volonté commune : passer de la consommation à la production numérique, en forgeant un « pacte africain » fondé sur la souveraineté technologique et l’inclusion sociale.
Portée par le ministère des Postes et télécommunications, Minette Libom Li Likeng, et orchestrée par One Africa Forums, cette édition a mis en exergue l’urgence d’un changement de paradigme. « Le numérique n’est pas une option mais une exigence », a affirmé la ministre Minette Libom Li Likeng dans son allocution d’ouverture. Elle y a souligné la volonté du Cameroun, sous l’impulsion du Président Paul Biya, de bâtir un écosystème digital robuste, inclusif et compétitif. À cette occasion, la ministre a reçu au nom du chef de l’État le Prix d’Excellence de One Africa Forums, saluant sa vision en matière d’économie numérique.
Au cœur des discussions : souveraineté technologique, inclusion numérique, cybersécurité, intelligence artificielle, gouvernance des données et interopérabilité des systèmes. Ces thématiques ont été abordées non pas comme des enjeux parallèles, mais comme les piliers d’une stratégie continentale cohérente. L’un des intervenants a insisté : « Il ne s’agit plus seulement d’adopter la technologie, mais de la maîtriser, l’adapter aux réalités africaines et l’utiliser pour transformer les sociétés ».
Cameroun : locomotive ou laboratoire numérique ?
En outre, la numérisation des services publics, la modernisation de secteurs clés comme l’agriculture ou l’industrie, et l’émergence de start-up panafricaines ont été identifiés comme leviers de transformation structurelle. L’initiative Sata de Smart Africa a également été saluée pour son soutien aux États dans la construction de plateformes numériques souveraines. Dans cette dynamique donc, le Cameroun s’est présenté comme un acteur central. Le discours ministériel a rappelé les efforts déjà engagés : infrastructures, cadre réglementaire, développement des compétences et politiques inclusives.
L’accent a été mis sur la nécessité d’un partenariat public-privé équilibré, où l’État agit en régulateur et facilitateur, et où les entreprises jouent leur rôle de moteur d’innovation, tout en respectant les règles et en assurant une connectivité équitable, y compris en zones rurales. Hind Sidqui, Directrice générale de One Africa Forums, a souligné la vocation transversale d’Adex : « Ce forum n’est pas un simple rendez-vous annuel, c’est une plateforme. Une architecture. Une volonté affirmée de faire dialoguer le continent avec lui-même ». Pour elle, cette coopération Sud-Sud s’impose comme la colonne vertébrale d’une Afrique numérique forte de ses réalités, de ses talents et de ses priorités.
Adex 2025 s’est conclu sur une note d’ambition collective. Au-delà des discours, l’événement a été conçu comme un déclencheur d’initiatives concrètes et une vitrine de la montée en puissance d’un numérique africain autonome. Ainsi, l’Afrique, qui a longtemps suivi les technologies venues d’ailleurs, semble prête à tracer ses propres voies.
Hélène Tientcheu

