Accès à l’eau: Les axes prioritaires de la nouvelle politique nationale

Pour améliorer son taux de desserte limité à 29%, le ministère de l’Eau et de l’Énergie (Minee) et l’Unicef ont officiellement présenté le 11 avril à Yaoundé le document stratégique y afférant, décrit comme un cadre essentiel pour assurer une gestion durable et équitable des ressources en eau, avec en ligne de mire un taux d’assainissement de 60% d’ici 2030 et la réduction significative des pertes techniques de Camwater.

Le Cameroun qui se dote une politique nationale de l’eau pour sécuriser les précieuses ressources dont regorge le pays dont le taux de desserte se limite à 29%, avec comme objectif un taux d’assainissement de 60% d’ici 2030 et la réduction significative des pertes de l’ordre de 53% de la production de Camwater, en raison de fuites et de branchements non autorisés. La nouvelle Politique nationale de l’eau dont le document stratégique a été officiellement présenté par le Minee et l’Unicef le 11 avril dernier à Yaoundé, entend apporter des réponses concrètes à ces défis. Elle propose notamment la création d’un cadre de coordination intersectorielle pour harmoniser les interventions.

Les statistiques récentes ne sont guère rassurantes. Une enquête nationale réalisée en 2021 par l’Institut national de la statistique (INS) révèle que seulement 29% des ménages camerounais bénéficient d’un accès au réseau public de distribution d’eau. La Cameroon Water Utilities (Camwater), société publique chargée de la production et distribution d’eau potable, reconnaît quant à elle perdre 53% de sa production en raison de fuites et de branchements non autorisés. Les sources alternatives d’approvisionnement constituent la bouée de sauvetage pour de nombreux ménages. Ainsi, selon l’INS, 40% des ménages dépendent principalement de forages et de puits à pompe.

Enjeux géostratégiques

Viennent ensuite les puits protégés (17%), les puits non protégés (14%) et les sources protégées (10%). Pourtant, le gouvernement s’était fixé des cibles audacieuses dans sa Vision 2025, visant initialement un taux d’accès à l’eau potable de 75%. Ces ambitions ont été revues à la hausse dans la Stratégie nationale de développement 2020-2030 (SND30), qui prévoit désormais un accès universel en milieu urbain (100%) et une couverture de 85% en zone rurale d’ici 2030.

Pour concrétiser ces objectifs, la SND30 mise sur plusieurs leviers. Elle préconise notamment le développement de partenariats public-privé et l’utilisation de mécanismes innovants de financement climatique. Le plan d’investissement associé table sur la mobilisation de 200 milliards de FCFA d’ici la fin de la décennie.

Le ministre de l’Eau et de l’Énergie, Gaston Eloundou Essomba, reconnait que « soixante ans après l’indépendance, une partie importante de la population n’a toujours pas accès à l’eau potable à des distances et coûts raisonnables ».   La mise en œuvre effective de la PNE dépendra de plusieurs facteurs clés. La mobilisation des 200 milliards de FCFA prévus constitue un premier défi de taille. L’implication réelle des collectivités territoriales dans la gouvernance locale de l’eau et la transparence dans l’attribution des marchés publics représenteront autant de tests pour les autorités.

65 années après son indépendance, la réussite de cette nouvelle politique de l’eau pourrait marquer un tournant dans la capacité du gouvernement à faire face aux nouveaux défis d’un environnement en proie aux changements climatiques pour répondre aux besoins en excroissance d’une population sans cesse croissante. Les enjeux transcendent le simple cadre national. Ils sont géostratégiques, et donc planétaires.

EM

 

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