1 400 milliards de FCFA pour relancer la filière riz

C’est la principale recommandation d’une étude qui analyse les différentes approches de développement de la céréale et formule un modèle économique global de développement durable.

« Avec un faible niveau de production (222 000 tonnes de riz paddy en moyenne au cours de la dernière décennie) et de transfor­mation locale (autour de 20%), l’on note en plus qu’une part importante des importations (environ 40%) est réexportée illégalement vers les pays fronta­liers, soit une moyenne annuelle estimée à 316 000 tonnes. En outre il est indiqué que seuls 17% des 33 000 hectares de terres aménagés à ce jour pour le riz irrigué sont effectivement utilisés. » Tel est le diagnostic qui se dégage de l’étude sur le développement de la filière riz au Cameroun. Ces résul­tats ont été présentés le 30 septembre 2019 au directeur général de l’Economie et de la Programmation des Investissements publics au Minepat, Isaac Tamba. C’était en présence entre autres des représentants du ministère de l’Agriculture et du Développement rural, du ministère du Commerce, du Groupement inter patronal du Cameroun, de l’Institut de recherche en agriculture pour le développement, et du Projet de développement de la riziculture pluviale.

Au Cameroun, le riz joue un rôle crucial dans la sécuri­té alimentaire, la stabilité politique, économique et sociale. Il est un produit de grande consommation et de première nécessité. La Stratégie nationale de déve­loppement de la production de riz élaborée en 2007, avait d’ailleurs fixé un objectif de production de 750 000 tonnes d’ici 2020. Or, les récentes réflexions sur le riz présen­tent une filière dont le déficit de la balance commerciale qu’elle a induite en 2017 se situe à près de 184 milliards de FCFA, soit une importa­tion en volume de 628 400 tonnes de riz blanc. Ce déficit de la balance commerciale a dépassé la barre de 135 mil­liards de FCFA par an depuis 2010. Aussi, la production nationale de riz paddy éva­luée à en environ 333 076 tonnes en 2017, est quasi-stagnante depuis 2011. Pourtant, le pays regorge un énorme potentiel de produc­tion de riz, en termes d’es­paces cultivables, et une capacité d’amélioration des rendements de 4,5 à 7 tonnes/ha, et par conséquent une production potentielle de plus d’un million et demi de tonnes de paddy par an.

C’est que les initiatives prises pour améliorer la pro­duction, la transformation locale et la commercialisation de cette céréale n’ont pas connu d’issue favorable. Dans ce sens, l’on relève que des mesures urgentes et importantes visant à rendre disponible et à des prix acces­sibles le riz sur les marchés camerounais ont été entre­prises. Il s’est agi notamment de bonifier les droits et taxes de douane à l’importation de ce produit. D’autres mesures interventionnistes de l’Etat ont permis de recapitaliser les sociétés d’Etat en charge du développement de la rizicul­ture pour faire face au retard technologique et à la vétusté des équipements. Des contrats plans ont ainsi été signés pour la relance de la Société d’expansion et de modernisation de la rizicultu­re de Yagoua, et de la Upper Nun Valley Development Authority sur la période 2013-2015. Dans le même esprit, des partenariats inter­nationaux pour le développe­ment du secteur rizicole ont été développés pour la mise en œuvre des programmes et projet de relance de ladite filière.

Mais d’après les conclu­sions de la récente étude sur le développement de la filière riz au Cameroun, « à l’éviden­ce, les stratégies développées jus­qu’alors n’ont pas réussi à inver­ser la tendance haussière de la dépendance du Cameroun en matière d’importation de riz. Par ailleurs, une partie de la produc­tion locale de riz paddy est exportée frauduleusement vers les pays frontaliers et on assiste également à un nouveau phéno­mène de réexportation de riz importé. » Comme mesures incita­tives, l’étude indique notam­ment qu’« un prélèvement sur les taxes d’importation pourrait être instauré à l’effet de financer l’investissement dans le dévelop­pement de la filière. Il est égale­ment nécessaire de contrôler les quotas d’importation, tout en envisageant les mesures de pro­tection fiscale et non-fiscale (contrôle de la qualité, etc.) du riz et des produits à base de riz produits localement. La promo­tion du partenariat public privé est aussi à promouvoir dans ce secteur. » Pour la mise en œuvre de ces recommandations l’étude propose un plan de relance évalué à environ 1 400 mil­liards de FCFA dont près de 60% dudit budget serait des­tiné à l’aménagement des rizières.

Thierry Christophe YAMB

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